Les travaux touchent à leur fin. Southmead renaît de ses cendres, une architecture flamboyante pour accueillir un millier d'âme vagabondes. Les marginalisés, les oubliés. La aristocrates et les fortunés. Toutes les classes sociales se mélangent. Un quartier populaire rendu majestueux grâce aux financements douteux des pègres et les heures interminables de bénévolat. Ce soir, un gala spécial est organisé dans le hall de la nouvelle mairie. Des costumes brassent l'air et la musique vibre sur la peau. Trop de masques pour couvrir les vérités. Il y a de la joie dans les verres, du bonheur dans chaque goutte ingurgitée. Une audience droguée et des pensées qui se chevauchent pour créer cette parallèle parfaite, entre la liberté et l'illusion. Puis demain, tout s'oublie. Demain, rien n'existe. Même pas le souvenir.
Ce tronc commun est particulier. Il s'agit d'un contexte hors plots. Rien de ce qui se passe ne sera pris en considération dans vos timelines. Tout peut arriver. Du fantastique. De l'affriolant. Du ténébreux. Faîtes vous plaisir. Pas d'ordre de passage. Privilégiez les posts courts et n'hésitez pas à interagir. Pour toute question ou suggestion, n'hésitez pas à contacter le staff.
Une nuit d'artifices. Les songes maquillées dans une fumée blanche. La distance se réduit entre mes pas. La démarche claudiquantes dans le hall majestueux de la salle de réception. Tout oublier. Tout effacer. La première gorgée de champagne est voluptueuse. Elle enraye la gorge et perce le coeur. Quelques étincelles sur le plafond. Et ce sentiment qui transcende, la peur qui s'élève avec la maladie. Pendant un instant, le monde semblait différent. Le voile tombait sur les rétines pour étouffer les perceptions. Ici, la nonchalance remplaçait le sourire étriqué et les bienséances imposés par l'apparence. Je n'étais ni héritier, ni bachelor, seulement une ombre fugace au milieu des autres. Des visages émerveillés. Une ivresse étrange, comme une drogue, un rêve. Mes doigts étaient engourdi et mon sourire éclatait en rire tandis que je me tenais au bord du comptoir. Encore, une gorgée. La liberté jusqu'à l'overdose. Je tournoyais autour de la musique, ébahi par les sonorités, perdu dans une trêve où il faisait bon de respirer. J'oubliais leucémie et ses conséquences. J'oubliais l'usage et la moral. « Je vous offre un verre ? Il faut absolument gouter le cocktail de la soirée. Je ne sais pas ce qu'il y a dedans mais, mon dieu, c'est merveilleux !» L'éloquence écorchée dans une familiarité oppressante. Je ne me reconnaissais pas. Je ne comprenais pas. Jamais, Villiers, n'avait parlé ainsi. Et pourtant mon allégresse était contagieuse.
(libre)
Milton Penrose
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— et cætera
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C'était un soir de gala, un soir de coupure, et Milton y entra comme dans un état second. Il n'avait plus l'habitude de se sentir aussi libre, affranchi le temps de quelques jours de toutes les obligations qui le liaient à son fils, et avait presque oublier comment s'occuper maintenant qu'il était de nouveau seul. La dernière fois qu'Aleister était parti passer quelques jours chez sa tante, c'était pour permettre à Milton de préparer leur emménagement à Bristol, une absence qui avait eu des allures de course contre la montre et dont il n'avait pas vraiment profité à titre personnel. Quant à la fois précédente, juste après le décès de Marian, il était inutile d'en parler. Voilà donc qu'il se retrouvait seul et sans contrepartie à gérer pour la première fois en près de vingt ans. Un peu déconcerté par cette liberté nouvelle, mais pas mécontent. Juste un peu grisé, la faute aux quelques verres déjà avalés depuis son arrivée dans le hall de la nouvelle mairie et qui en appelaient déjà d'autres. Il n'avait pas forcément l'intention de se saouler, pas plus qu'il n'avait l'intention de quoi que ce soit en venant à ce gala, mais il fallait bien trouver un moyen de passer le temps, n'est-ce pas ? C'est la nouvelle mairie, c'est ça ? Impressionnant... L'architecture ne l'intéressait pas forcément mais il admirait l'effort, et avait tout simplement énoncé sa pensée à haute voix au lieu de la contenir dans sa tête comme l'aurait fait toute personne censée. Mais goûtez à la liberté et vous vous retrouvez vite à faire quelques aménagements dans votre quotidien.
Quoi qu'en dise Harriet, il en faut peu pour son bonheur et ce gala a le mérite de rassembler tout ce qui y contribue. Du glamour ! Des personnalités connues ! Influentes ! Du nouveau, de l'excitant, du grandiose ! Elle papillonne dans le hall de la nouvelle mairie dans une tenue qui lui attire bien des regards et qu'elle se félicite d'avoir choisie pour l'occasion. Les commentaires à ce sujet sur son compte intagram semblent d'ailleurs être du même avis, à quelques exceptions près qu'elle a vite choisi d'ignorer. A quoi perdre son temps avec des gens de mauvais goût, vraiment ? A la place, elle tourne et vire à la recherche de l'emplacement parfait pour un nouveau selfie. Une coupe de champagne à la main pour accentuer le côté classe de l'événement, elle se place dos à la foule, hilare, et clique sur le bouton de capture au même moment que surgit une ombre à l'arrière plan. Il lui faut une micro seconde pour réaliser que la photo va être gâchée, et à peine plus pour se tourner vers la personne qui a osé la photobomber. Sérieux ? Elle brandit alors son portable, l'écran à quelques centimètres de son nez pour mieux mesurer l'ampleur des dégâts, et toise l'indélicat qu'elle sait avoir fait exprès. C'est d'une débilité, franchement... C'est alors qu'elle réalise connaître un autre visage sur cette photo et un sourire chasse la fureur de ses lèvres. Elle abandonne l'indélicat et se dirige vers @Silas Villiers, quitte à s'interposer entre lui et la charmante jeune femme avec qui il semblait vouloir discuter. Sylvain, très cher. Elle dépose un baiser sur l'une de ses joues, la gauche, et s'accroche à son bras pour marquer sa possession. Lui qui se montre si entreprenant dans ses messages à intérêt à ne pas flancher maintenant qu'elle l'a en chair et en os.
Les yeux émerveillés par les ondoiements des lustres. Une féerie enchanteresse et des fantasmes éparpillés autour de la grande salle de réception. Un sentiment étrange, dilué dans le sang. Peut-être la maladie qui disparait. Peut-être l'instance d'un rêve qui se concrétise entre les vapeurs alcoolisées et les notes classiques. Une musique du coeur, étirée dans les cordes instruments. L'envie de rejoindre l'orchestre, de chavirer sur les lignes des partitions. L'harmonie sur la peau. Et l'héritage effrité, effacé. Comme s'il n'y avait personne autour. Seulement des inconnus. Des visages tourbillonnant dans le vide. Sylvain Villiers, disparu dans un naufrage d'émotions. Dans le vertige qui enlaçait mon inconscient et façonner mes visions. De la beauté greffée sur les murs et les décorations. Une liberté enjouée, étrange à ce caractère coincé et ces préceptes inculqués dès l'enfance. Le regard vagabond et les pensées éparpillées dans les lumières. Je ne les voyais presque plus. Je ne ressentais presque rien. Ni les symptômes ni les défaites. Et tout le vide qui infectait mes bronches. Mon attention était versatiles. Il suffisait que Harriet apparaisse pour que l'autre s'amenuise. Je me tournais. Une complicité foudroyante. Et le contact, brûlant sur la joue. Partout sur le corps. « Mademoiselle Lindberg.» Une ivresse étrange, le profil penché vers le sien. Pour rendre ce baiser, cette caresse sur le derme. « Vous êtes si jolie. » Parce que le cocktail déliait la langue. Et que je me sentais planer, voler au dessus des conventions. (@harriet lindberg)
Ce qui n'était au départ qu'un pari stupide l'embrase d'une force nouvelle. Cela fait longtemps qu'Harriet n'a pas eu un crush pareil, un visage à appeler lorsque ses doigts s'égarent sous les draps et un nom à susurrer avant de sombrer. Elle ne se fait pas l'illusion de croire que quelque chose pourra en ressortir mais ne crache pas dessus non plus, préférant tendre l'autre joue tandis qu'il lui rend la politesse de son baiser. Je vous en prie, appelez-moi Harriet. Elle ne cherche pas à avoir un autre homme dans sa vie et à combler la place manquante de son ex-mari, mais ne refuserait pas de passer quelques heures en tête à tête, au autre, avec Sylvain. Elle le sent léger, comme habité d'un bonheur enfantin qu'elle ne lui reconnaît pas et la déstabilise un instant. Les gens trop heureux ne l'intéressent pas, ils en deviennent ennuyeux pour ne pas dire chiants. Alors elle se méfie, mais lui laisse le bénéfice du doute. Vous n'êtes pas mal non plus. Elle lui en veut un peu d'avoir choisi un adjectif aussi insignifiant que "jolie", mais est prête à lui pardonner pour le "si" qui l'accompagne. Il aurait pu lui dire qu'elle était belle, qu'elle était superbe, magnifique ou renversante, mais a préféré se contenter d'un "si jolie" qu'elle accepte cependant, faute de mieux, et lui rend en minorant tout le bien qu'elle peut penser de sa personne en cet instant. A la place, elle s'appuie sur son bras et brandit son téléphone devant eux. Rassurez-moi, vous n'avez rien contre un souvenir de nos retrouvailles ? Elle se colle contre lui, bien plus que ce qu'un selfie l'exige, et lui sourit.
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