And therefore I forbid my tears

— nom : née Kang Dan-bi, elle porte désormais le nom de son mari et s'est faite au prénom de « Danny » que nombre d'occidentaux semblent trouver plus facile à retenir et à prononcer que le sien. — âge : 84 ans, bientôt 85, et compte les jours qui la séparent de son prochain anniversaire comme le ferait une jeune fille. — date et lieu de naissance : 7 novembre 1935 à Busan, Corée du Sud. Elle en est partie en 1952 en pensant que ce serait seulement temporaire mais n'y est retournée qu'une seule fois, en 1998, pour arracher Ashley des bras d'Ah-ri. La scène n'a duré que quelques instants mais la hante encore, même si toutes les deux sont conscientes que c'était la meilleure chose à faire. — origine et nationalité : difficile pour elle de nier ses origines asiatiques et, aujourd'hui encore, il lui arrive d'échanger avec des gens qui articulent à l'excès leurs propos en la pensant incapable de tenir une conversation dans un anglais dit « standard ». Selon son humeur, cela leur vaut une discussion très pénible où elle surjoue des difficultés lexicales pourtant inexistantes ou des remerciement secs mais polis qui mettent généralement un terme à ladite discussion. Elle parle rarement de son enfance en Corée, plus par pudeur que par dédain, et possède la nationalité britannique depuis plusieurs décennies. — situation familiale : elle n'a eu qu'un seul enfant, Philip, mais la nécessité l'oblige à faire passer Ah-ri, la mère d'Ashley, pour sa fille aînée retournée vivre en Corée. Il s'agit en réalité de sa nièce, seule famille que Dan-bi a pu conserver après la guerre et le décès successif de tous ces Kang que, petite, elle aurait espéré immortels. Ashley n'est donc pas tout à fait son petit-fils mais il l'ignore et elle entend bien conserver l'illusion jusqu'à la tombe. — statut civil : lorsque les Ming ont offert à Ga-eul la possibilité de s'enfuir, il a accepté à l'unique condition que Dan-bi vienne avec lui. Ils ne sortaient ensemble que depuis quelques semaines à ce moment là mais lui était déjà amoureux et persuadé qu'elle serait la femme de sa vie, à croire qu'il ne s'était pas trompés puisqu'ils viennent de célébrer leurs soixante-six ans de mariage. — occupation : elle continue à s'occuper d'une petite boutique d'antiquités, celle dont Ga-eul et elle avaient reçu la gestion lors de leur arrivée à Bristol, même si elle n'y consacre guère plus que quelques heures par semaine et laisse le plus gros du travail à ceux qui en ont pris la succession l'an dernier, suite à l'AVC de Ga-eul qui peine à s'en remettre. Elle traduisait autrefois les certificats des objets mis en vente, ainsi que divers documents transmis par les Ming, et se contente aujourd'hui de relire ceux qu'on lui transmet. — traits de caractère : pudique, discrète, intransigeante, ne se laisse pas marcher sur les pieds, malicieuse, maniaque, énergique, économe, douce, prompte au jugement, ... — groupe : henotic soul — avatar : Jeong-hee Yoon. — crédits : pinterest + « Paris est une fête », Ernest Hemingway

we won't judge you, it's your story

La guerre est là, une menace autrefois lointaine qui a fini par se matérialiser sous la forme du cadavre d'un oncle que Dan-bi a du mal à reconnaître. Elle tente de tourner la tête mais on la reprend.
La guerre la dépasse mais elle est là, à emporter au loin des gens que Dan-bi connaissait, appréciait, des gens comme et sa famille qu'elle n'est plus sûre de pouvoir retrouver un jour, des gens qui essaient de survivre alors que le monde, il paraît, a les yeux rivés sur eux sans parvenir à les sauver.
La guerre est sournoise, se fait parfois oublier plus blesser plus profondément le lendemain, et Dan-bi embrasse Eunji sans savoir que ce sera la dernière, cachée derrière un stand du marché où tout le monde tente de faire bonne figure alors que le reste du pays s'effondre.
La guerre emporte son père, puis son frère et deux de ses sœurs, des oncles, des tantes et des voisins, et Dan-bi finit par les pleurer avec peut être un peu moins de conviction que ceux qui étaient partis avant eux. Il y a dans l'absurdité de ces départs une forme de soulagement à savoir que l'issue ne peut qu'être proche puisque, bientôt, il ne restera plus personne.
La guerre. La guerre. La guerre.
La guerre lui prend tout ou presque si ce n'est Ga-eul qui est toujours là, toujours amoureux, et tente de la convaincre de la pureté de ses sentiments avant qu'il ne soit trop tard. Elle l'écoute et le repousse à chaque fois, elle ne veut plus tomber amoureuse et perdre qui que ce soit, mais finit par se laisser convaincre et s'envole avec lui vers un pays qui lui semble être à l'autre bout du monde et où il paraît que la guerre n'a pas de prise. Plus rien ne la retient à Busan et elle fuit, se retourne une dernière fois puis laisse la distance couvrir les corps et faire disparaître un pays qui ne sera plus le sien.
La guerre, elle n'en parlera plus.

Les premières fois, elle s'était sentie perdue face aux étals du marché, confrontée à des aliments qui n'étaient pas ceux que sa mère lui avait appris à utiliser et dont elle ignorait jusqu'au nom. Elle les pointait du doigt un à un et attendait qu'on les nomme à sa place, des mots qu'elle répétait avec application jusqu'à ce qu'un sourire, enfin, vienne lui tenir lieu de validation. Elle apprenait vite, par nécessité et par envie, un talent qui lui servait auprès de Ga-eul à qui elle essayait d'apprendre ces mêmes mots et qui, en retour, lui enseignait ceux que lui avait appris au cours de sa journée. Ils y consacraient leurs soirées, s'obligeant à utiliser de moins en moins une langue qui leur venait si facilement mais qu'il leur fallait mettre de côté pour s'intégrer au plus vite, jusqu'à ce que finalement elle leur vienne comme une chanson si souvent entendue qu'on ne peut qu'en apprivoiser l'air.
Elle avait appris le nom des aliments et différentes façons de les cuisiner, adaptant des recettes transmises dans sa famille depuis des génération aux produits qu'elle pouvait trouver à Bristol et adoptant celles qui lui semblaient êtres plus locales mais qui avaient souvent été elles aussi empruntées par delà le monde. Les recettes s'étaient complexifiées au gré des années, d'abord partagées avec Ga-eul puis avec Philip, puis plus tard encore avec ses amis que Dan-bi aimait inviter à leur table et connaître. Son fils, au nom de monarque, avait disparu de manière prématurée et les assiettes, si nombreuses, s'étaient réduites jusqu'à n'être plus que deux, seulement deux.
Il leur avait fallu attendre l'arrivée d'Ashley dans leur foyer pour renouer avec leur langue maternelle et le goût de Dan-bi pour la cuisine, pour renouer avec un pays qu'ils n'auraient jamais cru revoir de leur vivant mais qui leur avait survécu dans les décombres. Les assiettes s'étaient de nouveau multipliées, celles brisées remplacées par de plus récentes, de plus jolies, de celles qu'on remplit avec plaisir et qu'on avale en espérant que ce ne sera pas la dernière fois. Les noms des convives avaient beau avoir changé, c'était pour Ga-eul et elle la même satisfaction, la même récompense.

L'ambulance file à travers Bristol et les mots lui manquent pour prévenir Ashley. C'est un inconnu qui a appelé les secours, un client aux avant-bras couverts de tatouages qui l'avait vu tomber et avait alerté Dan-bi avant de prendre les choses en main, un inconnu dont elle ignore le nom mais qui vient de sauver la vie de Ga-eul et qu'elle n'est pas sûre de pouvoir remercier un jour. Ses doigts hésitent sur l'écran pour l'appeler ou garder ça pour plus tard, lorsque Ga-eul ira mieux et que les nouvelles seront rassurantes, mais à ce moment-là déjà elle se doute qu'il n'en sera rien et c'est en coréen que la vérité éclate entre ses lèvres avant de faire marche arrière. Neoui hal-abeoji... J'emmène ton grand-père à l'hôpital, il vient de faire un petit malaise. Elle minore les faits d'une voix enjouée, espérant que son petit-fils sera suffisamment occupé pour ne pas voir le mal que Dan-bi lui dissimule, et poursuit sans répondre à la rafale de questions qu'il lui adresse. Je dois te laisser, on arrive. Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Tu trouveras de quoi manger dans le frigo si je tarde à rentrer.
Elle raccroche avant qu'il n'insiste et ne se fasse un souci qu'elle considère plus néfaste qu'autre chose pour l'instant, surtout à son âge, et hésite moins longtemps avant de composer le numéro suivant. Je suis Dan-bi Yeun, mon mari est en route pour l'hôpital et ne va pas bien. Nous allons avoir besoin de votre aide une nouvelle fois. Elle ignore qui lui répond, un autre inconnu venu au secours de Ga-eul, mais la voix lui fait part de sa sympathie en ces moments difficiles et promet de s'occuper de tout sans demander de plus amples précisions. C'est là une qualité qu'elle a toujours reconnue aux Ming, leur capacité à retenir les questions inutiles et à leur préférer une réponse rapide et efficace, et cette nouvelle démonstration de leur part lui permet de se saisir de la main de Ga-eul avec une sérénité nouvelle. Quoi qu'il arrive, le clan couvrira leurs arrières.

DIVERS
→  contrairement à ce que son prénom pourrait laisser penser, elle n'aime pas la pluie ; elle est arrivée sur le sol anglais sans en parler un seul mot mais s'est révélée douée dans l'apprentissage des langues et en parle désormais cinq (coréen, anglais, mandarin, japonais et français) ; elle croit aux vertus du travail et de l'effort, et a toujours eu à cœur de s'intégrer ; elle est très attachée aux apparences et à ce que les gens pensent d'elle et de sa famille ; elle n'aime pas les tatouages et les piercings, qu'elle accuse de faire mauvais genre, et a fait jurer à Ashley de ne jamais avoir ni l'un ni l'autre ; elle est très protectrice à l'égard d'Ashley et a du mal à concevoir que quelqu'un puisse être assez bien pour lui, ce qui ne l'a pas empêchée de fonder beaucoup d'espoirs dans ce mariage arrangé qu'elle planifie à sa demande ; elle est partagée entre une vision du monde très traditionnelle et la conviction qu'il s'agit là d'une conception archaïque qu'il lui faut dépasser ; elle n'a aucune mémoire des dates ; sa chanson préférée est « Here in my heart » d'Al Martino qui était omniprésente lors de son arrivée en Angleterre en 1952 et que Ga-eul lui avait fait la surprise d'apprendre à jouer au piano ; elle et Ga-eul sont toujours aussi soudés malgré les années et les désastres qu'ils ont pu vivre ensemble ; son fils, Philip, s'est noyé alors qu'il était parti en vacances à Brighton avec des amis, il n'avait que vingt-quatre ans ; elle a commencé à écrire de la poésie suite au décès de son fils mais c'est un secret que personne, sauf un, n'a pour l'instant réussi à percer ; elle aime cuisiner et il est rare qu'il n'y ait pas un plat en train de mijoter ou de finir de cuire lorsqu'on passe le pas de sa porte ;  elle a toujours adoré recevoir les amis de Philip, puis ceux d'Ashley, y voyant la preuve de leur bonne intégration et d'une forme de réussite de leur part ; elle a toujours été fascinée par les nouvelles technologies et les gadgets qui vont avec même si elle s'est souvent contentée d'en suivre les sorties de loin ; elle possède un compte instagram sur lequel elle poste des photos des plats qu'elle prépare, mais son usage encore maladroit des hashtags fait qu'elle est essentiellement suivie par des gens qu'elle connaît également irl ; elle ne sait pas rester assise et ne rien faire, même lorsqu'Ashley invite des amis à manger et que ceux-ci semblent se sentir gênés de la voir les servir et s'affaire dans tous les sens ; elle ne hausse jamais la voix mais la désapprobation affichée sur son visage est des plus parlantes ; elle ne jette rien, convaincue que tout peut servir ou resservir un jour ; elle ne s'est pas faite à cette manie qu'ont maintenant les magasins ne ne plus donner de sacs en plastique ; elle dort très mal les nuits de pleine lune et c'est là l'une des rares choses dont elle se plaigne ; elle a pris goût aux balades en bateau sur le tard, une passion tenue aussi secrète que sa pratique poétique.

— prénom/pseudo : florrie. — fréquence de connexion : tous les jours ou presque — type de personnage : inventé et greffé à @Ashley Yeun— comment as-tu découvert le forum ? home is where the heart is. — un dernier mot ? : oh baby, I just need your tender lovin' to keep me sane in this burnin' oven

bottin & listings

Code:

<y3>jeong-hee yoon</y3> — dan-bi yeun

— clan : Ming

Code:

@"Dan-bi reun" (rôle)